Plein d’oiseaux dans votre jardin d’hiver

Et ils ont plus que jamais besoin de votre aide ! On sait que leur population a diminué entre 30 et 70% selon les espèces en 30 ans (*). Insecticides, pesticides, raréfaction de leur habitat, plus personne (ou presque) n’en conteste plus les causes. Il vous faudra donc bannir définitivement tous les « intrants » de votre jardin et reprendre la binette et l’huile de coude. Alors une sorte de pacte tacite s’établira entre les oiseaux et vous, et vous ne serez pas les moins bien partagés. Chez vous, les oiseaux viendront chercher une nourriture plus abondante et plus régulière que celle qu’ils trouvent par eux-mêmes. Ajoutez à cela un peu d’eau et un refuge : en un mot, une plus grande sécurité.

En retour, ils vous charmeront par leurs habiles voltiges, leurs gentilles chamailleries et aussi leur hardiesse, car ils s’accoutument vite à la présence humaine. Quel plaisir de voir la malicieuse mésange décortiquer, et avec quelle habileté, la graine de tournesol, puis prendre son repas la tête en bas. Ou de surprendre le merle, arc-bouté sur ses deux pattes jaunes au risque de perdre l’équilibre, extirper un ver du sol. Quant à l’intrépide rouge-gorge, il ne sera pas rare de le voir piquer jusque sous les dents de votre râteau l’animalcule que vous aurez déterré.

Dans un jardin, l’oiseau est d’abord attiré par les plantes qui s’y trouvent. En général, il préfère les hautes herbes aux plantes cultivées. Si vous tenez à garder un jardin impeccable et bien ordonné, il vous suffit de garder dans un emplacement réservé un coin de campagne en miniature où tout poussera naturellement. Vous vous apercevrez très vite que hautes herbes et gazon tondu font finalement bon ménage en offrant à la vue un jardin varié et vivant. Ne pas oublier de planter des arbustes « à baies » ou des plantes grimpantes dont les fruits sont des petites boules qui persistent en hiver : le houx, le lierre, le sureau, le cade  (genévrier) , le troène, le sorbier, le prunellier, l’aubépine, ou même le pyracantha dont ils s’accommodent fort bien des épines. Ils se précipiteront dessus dès les premiers froids.

Car l’hiver les oiseaux ne meurent pas de froid mais de faim.

Si de nombreuses espèces, en particulier les insectivores, migrent vers la Méditerranée et le continent africain, ce n’est pas pour se réchauffer les plumes mais pour trouver une nourriture qui réponde à leurs besoins. De même, si les oiseaux reviennent ensuite chez nous c’est qu’au printemps et en été les graines et les insectes y sont plus abondants.

Pourtant, beaucoup d’oiseaux tels que les rouges-gorges, les moineaux, les merles ou les mésanges passent l’hiver en Europe.

Pour ceux-là, le problème de la nourriture se pose avec beaucoup d’acuité ; quelques chenilles engourdies, quelques graines oubliées et quelques baies en guise de fruits constituent leur ultime ressource. Affaiblis par la faim, les oiseaux les plus farouches se rapprochent eux-mêmes des maisons à la mauvaise saison pour tenter de picorer quelque chose : c’est donc un moment tout trouvé pour les nourrir. Ils s’habitueront très vite à venir et revenir chez vous. Mais ils compteront sur vous ! C’est pourquoi vous ne devrez pas cesser de leur donner à manger quand vous avez commencé sous peine de les conduire d’une façon certaine à la mort.

Pour les aider à se nourrir, la meilleure façon est d’installer une mangeoire ou mieux, un agrainoir, où la nourriture que vous aurez déposée restera à leur disposition pendant plusieurs jours. Les plus jolis, ceux qui s’intègreront le mieux à votre jardin, en même temps  que les plus efficaces, sont les distributeurs cylindriques que l’on peut accrocher aux branches des arbres. Ils sont munis de barreaux sur lesquels les oiseaux peuvent se poser pour picorer les graines qui sortent de leurs trous. Vous en trouverez dans toutes les jardineries.

Attention au chat ! N’installez rien à moins de 1,60 m de hauteur, ni à moins de 3 m de tout buisson, et ne posez rien sur une table.

Pour les graines, bannissez les mélanges tout faits ; ils sont plus chers et les oiseaux en gâchent beaucoup. Privilégiez les simples graines de tournesol, bio de préférence, dans lesquelles ils trouveront tous les nutriments dont ils ont besoin. Vous vous amuserez de voir comment les oiseaux arrivent à les décortiquer pour s’en régaler. Ne les privez pas de ce plaisir, et n’achetez surtout pas des graines déjà décortiquées, plus chères et moins nutritives.

Vous pourrez enrichir leur alimentation en fabriquant des boules de graisse en faisant fondre de la margarine mélangée à du riz ou de l’avoine dans un petit moule que vous démoulerez quand la préparation sera refroidie. Vous pouvez aussi les acheter toutes faites. Là encore, prudence ! Pas de boules entourées d’un filet dans lequel les oiseaux peuvent se prendre les pattes et rester prisonniers. Pas de boules posées sur une assiette mais présentées dans un distributeur accroché en hauteur.

Vous pouvez enfin les commander sur Internet.

Une adresse mail, mais il y en a d’autres :

www.plumeetcompagnie.fr ; billaudgrains.consommateurs@orange.fr. Boules garanties sans filet, sans conservateur et sans colorant.

Si les oiseaux viennent régulièrement chez vous, ils choisiront spontanément votre jardin pour y construire leur nid quand viendra la saison de la reproduction. Elle commence dès le mois de mars. Un moyen très sûr de les attirer est d’avoir des nichoirs dans votre jardin que vous installerez dès le mois de janvier. L’APEG peut vous aider dans votre choix selon l’espèce que vous voudrez abriter et même vous en commander.

Ainsi, vous aurez contribué à sauver bon nombre d’oiseaux qui trouvent aujourd’hui de moins en moins de milieux favorables à leur survie.

(*) source LPO Ligue pour la Protection des Oiseaux